dimanche 30 novembre 2014

Journée commémorative de Jubilé d'or de la Bienheureuse Anuarite Nengapeta Marie Clémentine

Journée de commémoration du 50e anniversaire de la Bienheureuse et martyre congolaise Marie Clémentine Anuarite Nengapeta à Bumba.


          Les jeunes du groupe Kizito et Anuarite (K.A. en sigle) ainsi que leurs encadreurs spirituels du doyenné de Bumba se sont retrouvés ce samedi 29 novembre 2014 à la paroisse Notre Dame de Bumba pour une messe solennelle célébrée par l’Abbé Alain Makope, vicaire de la paroisse Saint André, le Père Curé Carlos de Notre Dame étant absent de Bumba.

Abbé Alain Makope

          Débutée à 8 heures trente, la messe dont les participants étaient surtout les jeunes du groupe KA (et d’autres mouvements des jeunes tels que Bilenge ya Mwinda et ceux de la Légion de Marie), s’est terminée vers 11 heures 45.
Paroisse Notre Dame

          Ces jeunes Kizito et Anuarite proviennent de 5 paroisses que compte la cité de Bumba, à savoir : Saint André, Notre Dame, Saint Vincent, Saint Murumba et Saint Joseph d’Ebonda à 12 km.
Paroisse Saint Joseph d'Ebonda

          Déjà à la veille, lesdits jeunes ont tambour battant sillonné en caravane les artères de Bumba, scandant des chansons en l’honneur de la Bienheureuse Anuarite, à partir de la paroisse Saint André le point de départ de la caravane, pour terminer ensuite à la paroisse Notre Dame, le point focal où se dérouleront les restes des activités commémoratives du jubilé d’or du martyr de la Sœur Anuarite.
Les jeunes de groupe KA en caravane

          Après la messe, les jeunes ont pris un verre de rafraîchissement à la cure de la paroisse Notre Dame autour de l’Abbé Alain ainsi que quelques parents et invités.
Paroisse Saint André de Bumba

          Cette journée avait pour but d’aider les jeunes du groupe Kizito et Anuarite, dont l’âge varie de plus ou moins 5 à tout au plus 15 ans, à commémorer mais aussi et surtout à s’imprégner davantage de la vie de chasteté menée par la Bienheureuse Marie Clémentine Anuarite, à l’occasion de son Cinquantenaire qui devrait en principe se célébrer le lundi 1er décembre de l’année en cours. 
Les jeunes KA après la messe du samedi 29 novembre 2014

          Qui est Anuarite Néngapeta ?

Sœur Anuarite
Anuarite Nengapeta Marie Clémentine est née le 29 décembre 1941 à Wamba dans la province Orientale du Congo-Kinshasa. Son père s’appelle AMISI BATSHURU BATO BOBO et sa mère ISUDE Julienne. Elle fut baptisée quand elle avait plus ou moins deux ans, en même temps que sa mère et quelques unes de ses sœurs. Elle fut vraiment une fille de son peuple.
Un groupe de jeunes Anuarite, danseuses à l'église Notre Dame. 

          Anuarite ne fut pas brillante du point de vue des études mais ses supérieures reconnaissent qu’elle avait une bonne volonté et s’appliquait intensément à son travail intellectuel, surtout que réussir aux études fut, entre autres, une condition à son entrée au couvent.
          Ce fut en effet son rêve favorable auprès de sa mère, restée seule responsable de la famille, le papa ayant abandonné le foyer.
          L’entrée d’Anuarite dans la vie religieuse est considérée par certains témoins comme une « fuite ». Elle se rendit à Bafwabaka où se trouvait le noyau central de la congrégation de la Sainte Famille, sous une autorisation ferme. Elle fit son entrée au pro bondât en 1955, au postulat en 1956 et au noviciat en 1957.


          Elle fera sa première profession le 05 aout 1959 et renouvellera ses vœux temporaires jusqu’à sa mort. Son nom en religion est Sœur Marie Clémentine.
          Pendant sa vie religieuse, Anuarite fut légionnaire et avait une dévotion toute particulière à la vierge Marie. On raconte d’autre part qu’elle fut d’une force physique quelque peu étonnante pour une fille. Souvent, elle utilisait cette force pour secourir les faibles. Parmi d’autre charges et responsabilités, elle fut enseignante (monitrice) et surveillante d’école et d’internat des filles, fonction qu’elle exerça avec compétence et   dévouement. A l’internat, elle prît en charge un groupe de xaveriennes. En outre, Anuarite ne faisait pas de distinction des gens.
Pendant la messe à l'église Notre Dame de Bumba

          Elle était l’amie des faibles, particulièrement des délinquantes  qu’elle s’efforçait de convertir malgré le désaccord de ses supérieures à ce sujet précis. Pourtant, cela ne fut pas une désobéissance car elle savait se justifier et savait ce qu’elle voulait (et le réalisait aussi). De ce fait, facilement elle entrait en dialogue avec ses supérieures à qui elle donnait même de bons conseils sans complexe et de façon bienveillante.

A la messe
          Dans sa vie au couvent, Anuarite s’est donné comme devise : SERVIR ET FAIRE PLAISIR. C’est ainsi qu’elle se dépensait totalement comme volontaire pour rendre service aux autres à la cuisine, à la sacristie, au travail manuel ; elle savait aussi faire de petites surprises aux autres pour les rendre heureuses. Cela n’empêche pas qu’elle savait parfois aussi les réprimander quand elles devenaient négligentes : elle participait ainsi à leur éducation et leur formation. Ainsi se passa sa vie jusqu’en 1964, à une époque où le pays était déchiré par une sanglante rébellion.
Arrivée de la caravane à la paroisse Notre Dame

          La rébellion dans la province Orientale du Congo-Kinshasa n’épargna pas les religieuses de la Sainte Famille. Le 29 novembre 1964, alors qu’elles étaient à table, elles durent interrompre leur repas de midi : les rebelles s’emparèrent de leur maison, criant, gesticulant, sautant par les fenêtres, cassant et renversant des objets. Ils commencèrent par se partager le reste du repas des Sœurs. Ils étaient arrivés dans un gros camion, et étaient dirigés par un certain Justin SEGBANDE.
          Au moment de l’arrivée des rebelles à Bafwabaka, certaines Sœurs s’enfuient dans la brousse. Là, elles rencontrèrent leur supérieure qui était allée  cueillir des feuilles de manioc avec quelques orphelines. La Supérieure, mère Kasima, parla à ses Sœurs, les encouragea et les convainquit de regagner la communauté.
          Après diverses menaces, les rebelles ou Simba ordonnèrent aux Sœurs de faire leurs valises pour le voyage : pour les délivrer des Américains qu’ils allaient les conduire à Wamba. En cours de route, ils maltraitèrent les Sœurs et, sous l’effet de la boisson, les injuriaient et entonnaient des chansons obscènes et provocantes. Une première halte eut lieu à MAIKA où se trouvait une station de récolte et préparation d’huile de palme. Le Chef de la station s’appelait Daniel, un jeune homme de Kisangani qui avait été forcé de se joindre aux Simba, mais qui était resté attaché aux Sœurs.
          Le jeune homme les rassura : les Simba n’en voulaient pas aux religieuses africaines, mais bien aux missionnaires Européens.
          Le soir, arrivé à IBAMBI, le camion débarqua les Sœurs à la mission. Les Simba forcèrent les portes de la maison des Pères et installèrent les Sœurs dans la grande salle de séjour.
          Les Pères avaient déjà été déportés et concentrés à Wamba. Les Sœurs durent passer la nuit par terre, et eurent à supporter toutes sortes de dérangements de la part des rebelles. Pendant tout ce pénible voyage, elles ne cessaient de prier soit en privé, soit en communauté. Dans ces circonstances difficiles, Sœur Anuarite continuait à « SERVIR ET FAIRE PLAISIR » par son attitude bienveillante vis-à-vis de ses consœurs.
          Le 30 novembre vers 8 à 9 heures du matin, le camion reprit la route pour la dernière étape du voyage : le tronçon Ibambi-Isiro. Les Simba continuèrent à maltraiter les Sœurs. En cours de route, ils s’arrêtèrent à Pawa, dans le but de tuer le Docteur Lambert Swert qui y dirige une léproserie. Ils le trouvent mort ; il avait été tué trois jours auparavant. Le camion se remet ainsi en route et au carrefour Ibambi-Isiro-Wamba, il prit la direction de Wamba. Mais, à Vube, on croisa la camionnette du colonel Yuma Deo accompagné d’un officier et d’un autre gradé appelé Olombe. Les deux véhicules s’arrêtèrent et les Sœurs furent contraintes de descendre pour rendre hommage aux officiers. Yuma Deo ordonna aux Sœurs d’enlever leurs croix et rosaires, et il fit jeter ces objets dans la brousse par les Simba.
          Anuarite, elle, garda fidèlement sur elle, dans la poche de son jupon, la petite statuette de l’immaculée, malgré toutes les menaces de Simba … Elle mourra avec cette statuette. Puis, le colonel leur ordonna de remonter dans le camion pour rentrer à Bafwabaka. Mais, arrivé au carrefour de Baseane, le camion prit la route d’Isiro, au grand étonnement et désespoir des Sœurs. Elles y arrivèrent vers 6 heures du soir et furent installées dans une villa récemment abandonnée par un européen et transformée en résidence de passage du colonel Deo.
          C’est à Isiro que se situent les dernières épreuves de la Sœur Anuarite. Là, tout à coup, les Chef des Simba décidèrent de transférer les Sœurs dans une autre maison où elles passeraient la nuit dans les chambres, par petits groupes.    
          Pendant qu’on procédait à ce déménagement par véhicule, tout à coup et de manière inattendue, le deuxième compagnon du Colonel, du nom d’Olombe dit à la Mère Kasima : « vous me laisserez cette Sœur » en indiquant Sœur Anuarite du doigt. La mère Kasima comprit immédiatement qu’il voulait faire de Sœur sa femme.
          Aussi refusa-t-elle énergiquement et exigea-t-elle au contraire de rester avec sa jeune consœur. Après mille malices pour avoir la Sœur Anuarite, les bourreaux ne réussirent pas à faire partir la mère générale. C’est alors qu’ils firent expressément connaître leur intention de faire d’Anuarite la femme du Colonel Ngalo. Dans une violente discussion, Anuarite et mère Kasima, chacune de son côté, refusèrent catégoriquement de céder à cette intention, malgré les coups qu’elles reçurent. Et les menaces de mort commencèrent. La Mère Générale fut alors poussée dans une autre chambre, d’où elle pouvait néanmoins continuer d’encourager sa jeune Sœur par le regard. Pendant ce temps, on fait préparer du riz et des sardines pour les religieuses qui se trouvaient dans l’autre maison.
          Celles-ci déclarèrent qu’elles ne mangeraient que si Anuarite et la mère générale les rejoignirent. Les rebelles finirent par céder à cette exigence. On présenta ensuite aux Sœurs diverses boissons alcooliques pour les enivrer, mais elles refusèrent de les prendre. Pour sa part, bien qu’ayant rejoint ses consœurs, Anuarite a de plus en plus une conscience claire de sa mort prochaine. Elle en fait part à ses amies et leur demande de beaucoup prier pour elle. La prière était en effet le seul recours qui leur restait.
          Presqu’aussitôt après, les menaces reprirent. Cette fois-ci Olombe essaya de se réserver la Sœur Bokuma. Il recommanda à Anuarite et Bokuma d’entrer dans la voiture pour aller vers la maison de Ngalo. Les deux Sœurs se débattirent pour ne pas y entrer, et même quand on les fit entrer de force, elles parvinrent à en sortir de l’autre côté pour se réfugier auprès de la Mère Kasima. Le Colonel Olombe, ayant vraiment tenté de les faire entrer dans la voiture, se fâcha encore plus et se mit à frapper les Sœurs. Et Anuarite de lui dire : « Je ne veux pas aller commettre ce péché, si vous voulez, tuez-moi ». Olombe se mit maintenant à les frapper avec force. Pendant ce temps, Anuarite lui dit : « Je vous pardonne, car vous ne savez pas ce que vous faites ». Et malgré l’intervention de la Mère Kasima et de la Sœur Kahenga, supérieure de Bafwabaka, Olombe continua de battre les deux Sœurs de la crosse de son fusil. Finalement, les deux victimes tombèrent inanimées. Sœur Bokuma avait le bras cassé à plusieurs endroits et ne bougeait plus. Sœur Anuarite remuait encore un peu la jambe. Toujours furieux, Olombe se mit à hurler : « Simba, venez vite on veut me tuer… ». Deux Simba arrivèrent alors, et comme il n’y avait pas de fusil, Olombe leur ordonna de transpercer la Sœur Anuarite  de leur long couteau (baïonnette) jusqu’au cœur. Et ils le firent plusieurs fois. A chaque coup, un gémissement étouffé sortait des lèvres de la Sœur. Olombe prit enfin son revolver et lui tire une balle dans la poitrine. Sans réagir, la Sœur Anuarite était en train de rendre l’âme.
          Ce fut le 1e décembre 1964 vers 1 heure du matin. La Sœur Kahenga annonça l’épisode aux Sœurs qui se trouvaient dans la maison. Elles se mirent toutes à prier. Olombe, furieux entra dans la maison, leur interdit de prier et leur demanda d’aller chercher le corps de la martyre. Sœur Bokuma et Sœur Nabeane, qu’on avait également frappée, furent pour leur part conduites à l’hôpital.
          Le procès de béatification de la Sœur servante de Dieu, Sœur Marie Clémentine Anuarite Néngapeta a été ouvert, conformément aux lois ecclésiastiques le 13 janvier 1978 près l’Archevêché de Kisangani. Elle fut béatifiée par le pape Jean Paul II en la fête de l’Assomption le 15 août 1985 à Kisangani.
          Et l’Eglise lui a consacré la date du 1e décembre, pour commémoratif de sa mort ou plus tôt « jour anniversaire de sa naissance au ciel ».  
 
                                                       Propos recueillis par  Antonio Lisuma. 
                                                       E.mail: lisumaantonio@yahoo.fr
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1 commentaire:

  1. Merci pour cette information. Je suis ravi voir même ébloui parce que c'est dans le groupe Kizito-Anuarite que j'ai évolué. ANUARITE n'est pas seulement l'exemple pour l'Eglise tout entière, mais elle est aussi le modèle de la femme africaine en générale et congolaise en particulier (commentaire).

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