mercredi 26 octobre 2016

La Société des Chemins des Fer Uelé-Fleuve (SCFU), Ruinée de fond en comble.


La Société des Chemins des Fer Uelé-Fleuve,
Ruinée de fond en comble.
Vieille locomotive de marque japonaise
          La Révolution de la modernité telle que prônée par le Chef de l’Etat de la RD Congo ne se ressent plus que comme un simple slogan dans l’ancienne grande province de l’Equateur en général, et surtout dans celle de l’actuelle province de la Mongala en particulier, et plus précisément dans le territoire de Bumba.
          Beaucoup reste à faire dans ce territoire de Bumba qui n’a pas vraiment connu de progrès depuis la fin de régime de Mobutu, sur le plan de la construction de nouvelles infrastructures étatiques et même de la réhabilitation des anciennes infrastructures existantes, hormis la SEP Congo et le stade privé de la paroisse Notre Dame. Les routes sont toujours en mauvais état et beaucoup d’entreprises nationales ne donnent plus aucun signe de vie. 
Siège administratif
          C’est le cas par exemple de la Société des Chemins de fer Uelé-Fleuve,         (SCFU en sigle), qui fonctionnait de la cité de Mungbere dans la province de Haut Uele jusqu’au terminus à Bumba sur le fleuve Congo à la province de la Mongala. Cette société est actuellement ruinée dans un stade trop avancé, à tel point que même les rails qui sont censés être « parallèles » (simple notion géométrique de parallélisme) sur le sol ne le sont plus  dans certains endroits, surtout dans le tronçon Aketi-Bumba ; et que des petits ponts sont autant abîmés par endroits que cela nécessite l’intervention de certains capitaux importants pour sa réhabilitation.

          Cette société ferroviaire SCFU, jadis annexée à la SNCZ (Société nationale des Chemins de fer du Zaïre) aujourd’hui SNCC, a connu de bons moments à l’avènement du règne de Mobutu, surtout lorsque le gouvernement de ce dernier avait, au début des années 1970, construit le tronçon AKETI - BUMBA, reliant du coup l’Est du pays, avec des villes comme Isiro, Mungbere et autres, jusqu’à BUMBA, une ville située sur le fleuve Congo, au centre-Nord du pays ; permettant ainsi à la population de faire circuler les marchandises de l’Est à l’ouest jusqu’à la capitale située au sud-est du pays.


Le port SCFU sur le fleuve Congo à Bumba (jadis le port ONATRA)
          Mais vers le début des années 1990, lorsque la SCFU s’est séparée de SNCZ, la situation alla de mal en pis pour cette entreprise ferroviaire qui ne réussit pas à survivre, tant la gestion semblait être trop déficitaire. Les deux ou trois locomotives datant presque de l’époque coloniale tombèrent vite en panne l’une après l’autre et de façon irréparable.
          Le début d’inactivité de la société entraina aussitôt de nombreux problèmes. D’abord ceux liés à la paie des cheminots qui ne savent plus comment survivre tant le salaire ne vient plus. Ajouté à cela les cas de maladies et de décès de personnel. Sans compter ceux qui normalement devraient aller en retraite, vu l’âge avancé, mais qui ne sont pas toujours payés et se retrouvent mains bredouilles, alors qu’ils étaient assujettis à l’INSS (l’Institut national de sécurité sociale). 

          Ensuite, les problèmes liés à la vétusté des divers matériels la société. Les infrastructures s’abimèrent les unes après les autres: hangar de la gare, dépôts, toitures de certains bâtiments, locomotives, wagons, etc., tout est en ruine.  La  société resta abandonnée à son triste sort. Certains de ses patrimoines, des mitrailles surtout furent pillés ou vendus soit par le personnel lui-même, soit par la population. Les barres de rail sont souvent vendues à la population ou pillées par celle-ci pour la construction de clôtures de parcelles ou des murs des maisons.
La voie ferrée, non loin de la gare

          Mêmes les petites barres métalliques destinées à fixer les rails au sol sont pillées par la population envoisinant la voie ferrée au point que les rails ne sont plus fixés au sol dans certains endroits de la voie, et ces barres pillées sont destinées à la fabrication des machettes et d’autres instruments tranchants. Quelle mentalité ! Certains ponts sont abîmés et la brousse a repris son droit naturel, faute d’entretien.
          Le gouvernement central qui devrait en principe prendre tout en charge ne fait aucun signe encourageant pour la reprise des activités de la SCFU. Plusieurs voix s’étaient quand élevées par certains députés et autres personnalités.
          Pendant que des locomotives sont distribuées dans certaines parties du pays, axes Kinshasa–Matadi, Kindu-Lubumbashi, et récemment, Kisangani–Ubundu etc., d’autres sont en réserves quelque part, la Compagnie SCFU moisit en silence, et personne n’en parle, pas même au niveau de l’Assemblée nationale.
          Par ailleurs, la société pouvait quand même s’auto suffire si elle avait connu de bons dirigeants,  dignes et honnêtes. Avec le peu de ressources qu’elle détient, elle pouvait faire quelque chose d’assez significatif avant que le gouvernement n’intervienne.     
          En effet, la société SCFU dispose de quatre sources modestes au niveau de territoire de Bumba et qui génèrent quand des recettes :
-      Les dépôts au port ONATRA devenus port SCFU (le port ONATRA de Bumba est devenu une propriété de la SCFU depuis une ordonnance présidentielle des années 1990) : ces dépôts sont loués régulièrement par certaines entreprises de la place dont SOCAM.
-      Accostage au port. Tout bateau qui accoste au port paye le droit d’accostage de SCEFU.
Le pont Loeka à 40 Km de Bumba (le pont rail à gauche et celui sur route à droite)
-      Péage sur le pont LOEKA à 40 Km sur la route Aketi. La Société PHC Yaligimba qui a de gros véhicules poids lourds utilise le pont rail sur la rivière Loeka en payant le droit de péage à la SCEFU.
-      La compagnie de communication Vodacom paye quelque chose à la compagnie SCEFU pour ses antennes aux gares de Bumba et de Mindonga.
-      Le bâtiment administratif est quelque fois loué par la Régideso qui réfectionne le sien.
Les installations du réseau Vodacom à la gare SCFU à Bumba 

          Si donc une bonne canalisation des recettes, modestes soient-elles, était bien réalisée, la société devrait s’organiser pour réparer tant soit peu quelques tronçons, au lieu d’attendre le gouvernement central. La question que d’aucuns se pose est celle de savoir si cet argent perçu par SCFU à travers ces différentes sources ci-haut citées est honnêtement versé quelque part dans la caisse de l’Etat ou dans une banque sous le compte de la société…















          Ou alors l’argent est dilapidé dans les poches des individus sans scrupule au détriment de la masse de personnel qui ne savent plus à quel saint se vouer, surtout que parmi eux, certains ont vieilli et se meurent les uns après les autres sans qu’ils soient honorés à travers la paie de retraites et bénéficier également de leur pension au niveau de l’INSS… Seuls les orphelins resteront peut être pour attendre, eux qui n’ont plus d’autre salut que d’occuper les maisons de la société…  
                                                                 Antonio Lisuma





















1 commentaire:

  1. Trés intéressant, cet article! Il donne beaucoup des informations qu'on ne trouve pas ailleurs sur l'internet.
    J'espère que la ligne sera réhabilitée un jour, peut-être avec un "upgrade" à 1435mm; l'écartement standard des rails.

    Merci beaucoup!

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